Le bien commun, le climat et le marché

Réponse à Jean Tirole

Benjamin Coriat

Éditions Les Liens Qui Libèrent (25/08/2021)

En 2016, Jean Tirole, prix Nobel d’économie, publie Économie du bien commun, un ouvrage vite porté aux nues par la critique. Pourtant, cet ouvrage, à commencer par son titre même, ne laisse pas d’interroger et de susciter critiques et étonnements. En effet, ce qui est désigné par l’auteur comme l' »économie du bien commun » n’est en fait rien d’autre que son ancienne théorie des incitations et de la réglementation, à peine remise au goût du jour. Les propositions de Tirole sont si éloignées de celles qui, à partir des travaux d’Elinor Ostrom (prix Nobel d’économie 2009), constituent aujourd’hui l’approche par les communs qu’il m’a paru nécessaire ici, pour la clarté des choses et couper court au risque de confusion, de procéder à quelques mises au point. En confrontant les deux approches, tant sur le plan de la théorie qu’à propos de ce bien commun essentiel qu’est le climat, les différences apparaissent dans toute leur ampleur. Alors que la proposition centrale de Tirole pour lutter contre le changement climatique consiste à promouvoir un marché des droits à polluer, la proposition d’Ostrom vise au contraire à faire obstacle aux ajustements de marché à partir d’une gouvernance qu’elle qualifie de « polycentrique », dont la Convention Citoyenne pour le Climat fournir une bonne illustration. Ces deux conclusions opposées le disent assez : en aucune manière une théorie du bien commun, plus vivante et nécessaire que jamais, ne saurait être ramenée à ce à quoi on a prétendu la réduire ».

L’auteur

Benjamin Coriat est professeur émérite à l’université Sorbonne Paris Nord. Il est par ailleurs co-fondareur des Economistes Atterrés. Spécialiste reconnu des communs, il a notamment publié La Pandémie, l’Anthropocène et le bien commun et codirige Vers une république des biens communs ? (éditions LLL).